L’épopée des GU14-1

Re-bonjour lecteur friand de hockey et de success stories! Peut-être te souviens-tu d’un billet intitulé “L’épopée des Pinkettes” posté il y a quelques mois sur le site de l’Orée? Si, à sa lecture, tu as pensé “peu de crédibilité, beaucoup d’auto-satisfaction”, passe ton chemin, mon rationnel ami, parce que ce billet-ci va en remettre une solide couche! Si tu n’es pas un membre de l’Orée mais un espion à la solde d’un club concurrent, quitte-nous avant de t’énerver. Mais si tu es ce clubman motivé que je devine, alors reste avec nous : les nouvelles sont bonnes…

Rétropédalons rapidement. Nous sommes en août, le soleil réchauffe encore les parents qui assistent aux premiers entraînements de la nouvelle équipe des Girls U14-1 de l’Orée. Il y eut l’étape cruelle des sélections, la valse des transferts, les comérages, les rumeurs. Qui jouera? A quelle place? Comment se passera l’intégration? Un peu de stress, beaucoup d’espoir et d’excitation. 

La béarnaise devrait prendre, se dit-on, car les ingrédients sont de grande qualité: un gros contingent de Pinkettes est mélangé aux U14-1 qui entament leur deuxième année, une paire de GU14-2 pour le goût, le tout saupoudré d’une poignée de nouvelles joueuses par le projet alléchées. Les invincibles filles en rose avec les finalistes des play-offs et une pincée de talent externe. On allait voir ce qu’on allait voir. Aux commandes de la nouvelle équipe, Frans “Hop, hop, du rythme” Fabri, un garçon motivé et compétent, doté de cordes vocales impressionnantes qui travaillent à plein temps. 

Le coach ne manque pas de courage. La pression est grande, les attentes sont considérables. “Tu joues le top un, Frans!” lui a dit un administrateur. “Et c’est un minimum” lui souffla un autre. Vous voyez le genre. Dieu merci, Frans est aidé dans sa tâche par le suave, l’élégant, le légendaire Laurent Balon-Perin, celui-là même qui a posé les fondations techniques et tactiques de la maison rose. Frans et Lau, un couple emblématique. On pense West – Kardashian.

Ces premiers entraînements montrent pourtant que la tâche ne sera pas aisée. Les petites ne savent pas bien ou se mettre. Les grandes ne les trouvent pas. Il est bien grand ce terrain. Les automatismes ont disparu. De plus, on se sent jugé, on veut faire bonne impression aux coéquipières et au nouveau coach. On veut justifier sa sélection. Les jeunettes touchent moins la balle qu’avant, ont moins d’impact sur le jeu. Les tournois préparatoires ne rassurent pas tout-à-fait. La circulation de balle n’est pas bien fluide. Les plus jeunes se sentent petites et fluettes face aux adversaires plus âgées. Les parents, qui commencent à faire connaissance, se jettent des regards inquiets. Bref, il y a du pain sur la tartinière de Fabri… 

Fast forward jusqu’au samedi 26 novembre. Les girls U14-1 se retrouvent à l’Antwerp, de l’autre côté de la frontière linguistique, le dernier match du premier tour vient de s’achever. Les filles y affrontaient une équipe qui n’a perdu que 2 petits points en 10 matchs, sans leur brillante gardienne, blessée et remplacée par une centre-avant, ce qui illustre les infinies ressources de l’équipe et la créativité du coaching.

Le match est fini. Les filles sont sous la douche. On entend des bruits de discothèque, des cris de joie, des éclats de rire. On devine que l’hygiène n’est pas le but principal de l’opération. Dans le club house (qui, soit dit en passant, fait rêver le personnel oréen) les parents sont tout sourires. Frans, le coach, décompresse. Il est à la fois heureux et ému. On a même vu une petite larme couler du coin de l’œil de cette midinette déguisée en grand sportif. Il faut dire qu’il sort de ce premier tour lessivé. Il a beaucoup travaillé, il s’est consacré à son équipe. Il était toujours au poste, ses entraînements débordant régulièrement au-delà de l’horaire prévu. Et les vacances ne justifiaient nullement qu’on arrête les efforts. Les filles en redemandaient et les parents souriaient patiemment au bord du terrain. 

Car voilà! Les GU14-1 sont championnes d’automne. Car voilà, elles sont championnes avec le maximum des points (33/33), avec 60 goals marqués et zéro goal encaissé (zéro, zilch, niente, bollekes, quoi). Ca n’a pas dû arriver souvent, une domination aussi complète. Mais on ne va pas en faire des tonnes, on va jouer les vieux habitués. 

Au-delà des chiffres, et tellement plus importante, la qualité du jeu fut très haute, résultat éclatant du travail des coaches et du talent des filles. La balle a circulé comme au Barca. La technique individuelle est excellente et la tactique collective aussi. Les filles sont fit, émergeant régulièrement en deuxième mi-temps, tandis que l’adversaire cherche son énième souffle. Et,au-delà de la qualité du jeu, et tellement plus important, les filles ont formé une équipe, soudée, solidaire, batailleuse, heureuse de jouer, de s’entraîner et de gagner ensemble. Merci aux ainées d’avoir si bien accueilli les plus jeunes! 

Et merci au club, évidemment, qui a su entourer nos petites, merci surtout aux entraîneurs, merci à ceux qui font que tout roule, que les rendez-vous soient respectés, que les feuilles de match soient remplies, Sophie en particulier… Et merci aux filles dont la motivation ne fléchit pas. Quand elles ne jouent pas, elles encouragent les équipes du club. Et enfin, merci aux parents, pour qui le hockey est une grande joie malgré la contrainte logistique. 

Bien sûr, tout le monde s’est empressé de rappeler que le titre de champion d’automne n’existe pas et que le plus dur est à venir. On est bien d’accord. Mais ce premier tour restera dans les mémoires de nos filles et de leurs parents. Les rires ont été ris et le resteront pour l’éternité. Les amitiés furent nouées et se prolongeront sûrement. L’épanouissement de nos filles s’est inscrit dans leur cœur. Les titres, c’est du bonus. On verra bien! On vous tient au courant…

Serge Van Cauwenberghe